Comment les stratégies de diversification évoluent en réponse à l'instabilité géopolitique ?
Ghita El Kasri
Découvrez comment adapter votre stratégie d’investissement aux tensions géopolitiques.
Pourquoi la diversification est-elle devenue encore plus capitale aujourd’hui ?
La diversification a toujours été au cœur de la gestion de portefeuille car elle vise à optimiser le couple rendement/risque. Dans la théorie financière, risque et rendement sont positivement corrélés, et diversifier permet de limiter le risque lié à une trop forte concentration sur un instrument financier, un secteur ou une classe d’actifs.
Aujourd’hui, ce principe est encore plus essentiel dans un contexte de volatilité accrue, alimentée par des chocs régionaux et politiques, ainsi que par des prévisions de croissance contrastées selon les zones géographiques. Les deux derniers trimestres en offrent un exemple concret, avec une volatilité largement déclenchée par les tensions liées aux droits de douane et leur caractère instable, qui entretient un climat d’incertitude.
S’y ajoute un environnement où les discours économiques divergent :
- d’un côté, une inflation relativement maitrisée ;
de l’autre, les craintes d’une inflation persistante, selon l’évolution des tensions géopolitiques et des politiques commerciales. .
Dans la même idée, dans un monde multipolaire, les marchés offrent des opportunités variées :
- des entreprises de qualité dans les marchés développés, avec des valorisations proches de leurs sommets historiques ;
- et des marchés émergents affichant des valorisations attractives et un fort potentiel de croissance.
Ces éléments invitent donc à privilégier une diversification à la fois sectorielle et géographique, avec un positionnement réfléchi, ajusté aux évolutions économiques, politiques et monétaires.
Quelles évolutions dans la diversification sectorielle des investissements ?
Dans un environnement marqué par l’incertitude et la volatilité, une diversification sectorielle est nécessaire pour contrer l’impact des chocs exogènes.
Mais aussi :
Investir dans l’innovation pure comme les semi-conducteurs, les centres de données, ou bien d’autres secteurs susceptibles d’être transformés par l'IA comme la biotechnologie ou la MedTech, représente une stratégie clé pour rechercher de la performance à long terme, notamment pour les investisseurs prêts à accepter un certain niveau de risque. Toutefois, il est important d’éviter une concentration excessive d’actifs en diversifiant ses investissements et ce en associant ceux au caractère cyclique à d’autres au caractère défensif.
En effet, les portefeuilles ayant été excessivement concentrés sur la technologie, -qui a attiré d'importants flux d'investissements ces dernières années-, ont subi des pertes importantes au premier trimestre de 2025 en raison de la nature cyclique de ces secteurs qui les rend particulièrement sensibles à la volatilité du marché. En réaction, les investisseurs se sont réorientés vers des secteurs plus défensifs, tels que les services publics ou les biens de consommation de base.
Aujourd’hui, alors que le marché a digéré les turbulences liées au « jour de la libération », des opportunités attrayantes dans la technologie sont tout à fait possibles et restent un levier stratégique sur le long terme. Cependant, l’attention des investisseurs se tourne désormais vers des secteurs plus défensifs, comme la santé qui présente une valorisation intéressante et qui bénéficie également des applications des évolutions technologiques comme l’IA ou l’analyse des données. En effet, des facteurs structurels comme le vieillissement de la population et l’accroissement des maladies chroniques stimulent la demande pour des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux plus efficaces et augmentent la nécessité d’améliorer les processus de traitement afin de les rendre plus efficients. Cependant, ce potentiel de croissance est accompagné de certains défis, tels que les coûts qui y sont liés, les pénuries de main-d'œuvre experte dans les domaines niches et un environnement réglementaire en constante évolution, influencé par le climat économique et politique mondial.
Entre risque de guerre commerciale, négociations autour de la guerre en Ukraine, chute du dollar ou encore une politique monétaire américaine qui attire l’attention de tous les investisseurs, les premiers neuf mois de l’année 2025 nous ont offert un beau cas d’étude qui illustre l’importance de la diversification géographique et sectorielle. C’est pour cela que les gestionnaires de portefeuilles visent un équilibre subtil entre secteurs défensifs offrant une plus grande stabilité face aux turbulences économiques et secteurs cycliques susceptibles de profiter davantage des phases de croissance, tout en ciblant ceux qui présentent une valorisation attractive. L’objectif est de maitriser les risques tout en optimisant les rendements dans un contexte économique et géopolitique incertain.
Enfin, la diversification est aussi renforcée par des approches plus spécifiques comme le factor investing, qui privilégie des facteurs éprouvés de performance (valorisation, taille, momentum, qualité, volatilité). En ciblant par exemple des facteurs tels que « growth » ou « momentum » associés à une surperformance dans certains cycles boursiers, les investisseurs peuvent viser des rendements attrayants. Le gestionnaire de portefeuille combine ces différents facteurs en tenant compte de l’appétence pour le risque de son client.
Cependant, les performances des stratégies d'investissement basées sur des facteurs peuvent varier selon les conditions des marchés et ne garantissent en aucun cas une meilleure protection contre les baisses de cours que d’autres types d’approches.
Outre la diversification sectorielle, la diversification des classes d’actifs permet aussi de maitriser le risque tout en visant de la performance, notamment au travers d’investissements alternatifs plus conservatifs, comme l’or. Celui-ci a attiré beaucoup d’attention en 2025. En effet, le sentiment de l’investisseur s’est tourné vers cet actif qui a historiquement démontré sa qualité de « refuge » en temps d’incertitude.
L’illustration montre que sur une période de 30 ans, l’or a toujours atteint des niveaux records dans des moments marqués par des événements majeurs et de l’instabilité.
Porté par la crise bancaire, l’or a atteint 1 000$/oz en 2008 dans un contexte de faiblesse du dollar face à l’euro et d’une baisse de taux administrée par la Fed (passage de 5,25% en 2007 à 2,25% en 2008 puis à des taux se situant entre 0% et 0,25%). Ceci fut aussi accompagné par des craintes inflationnistes alimentées par la hausse des prix des matières premières ; notamment le pétrole, valorisé à 100$ le baril avant d’atteindre à 145$ le baril en juillet 2008.
En août 2020, en pleine pandémie du covid-19, l’or franchit les 2 000$/oz, dans un environnement caractérisé par un assouplissement quantitatif et des politiques monétaires expansionnistes, des taux quasi-nuls se situant entre 0% et 0.25% et une autre baisse du dollar. Cette fois-ci l’inflation était plutôt faible suite au ralentissement de l’économie mondiale, et les prix du pétrole étaient particulièrement bas aux alentours de 40$ le baril après avoir atteint des niveaux négatifs en avril 2020.
Aujourd’hui, les craintes de récession propagées en début 2025, l’incertitude liée à la politique de l’administration américaine de Donald Trump et aux tensions géopolitiques de la guerre en Ukraine ou au Moyen-Orient, ainsi qu’une faiblesse persistante du dollar, ont poussé l’or vers un nouveau sommet historique : 3 000$/oz et au-delà.
Quelle est l’approche de Nagelmackers en termes de diversification ?
Chez Nagelmackers, la diversification constitue l’un des piliers fondamentaux de notre philosophie d’investissement, qui souligne le rôle crucial de la gestion active dans la constitution et la gestion d’un portefeuille. Notre équipe d'experts financiers suit en permanence les tendances du marché, identifie les opportunités et réagit rapidement à la volatilité du marché. Ainsi, nous construisons des portefeuilles bien structurés dans le but de maitriser les risques et d’optimiser les rendements.
Notre approche vise donc à répartir les investissements de manière équilibrée entre les zones géographiques présentant les conditions économiques les plus favorables et différents secteurs, en privilégiant ceux qui offrent les meilleures perspectives de croissance.
Cette allocation s’appuie sur une analyse approfondie du contexte macroéconomique et sur l’évaluation de différents scénarios élaborés par notre comité d’investissement en vue d’intégrer activement les évolutions constantes du marché. Ces scénarios guident nos choix stratégiques, tout en permettant au gestionnaire de portefeuille d’ajuster les positions en fonction d’éventuels objectifs spécifiques du client dans le respect de son profil d’investisseur.