Les marchés boursiers sous pression

07 November 2025 -
Levi Sarens
Head of Invest Management
Levi Sarens - Afdelinghoofd Invest Management

Or et bitcoin corrigent, les géants tech sont valorisés pour la perfection, et les CEO des grandes banques prévoient une correction. Que faire en 2025 ?

Halloween passée, les marchés semblent maintenant entrer dans leur période de « trick or treat ». Non pas que les bourses mondiales appuient déjà fortement sur le frein, mais sur plusieurs « marchés secondaires », des corrections (baisses de plus de 10%) ont été enregistrées en quelques semaines :

  • Le prix de l'or a culminé juste en dessous de 4 400 USD/once, mais se situe actuellement sous les 4 000 USD.

  • Le Bitcoin – jadis surnommé le « nouvel or » – a atteint un pic autour de 127 000 USD, mais doit actuellement se démener pour rester au-dessus de 100 000 USD.

Ces fissures sont-elles le signe avant-coureur de ruptures potentielles sur d'autres fronts ? Cela semble être une conclusion un peu hâtive. En effet, tant l'or que le bitcoin ont une histoire unique, et n'ont pas une corrélation à 100% avec les marchés boursiers. Durant certaines périodes en 2025, ils se sont même comportés comme des « high beta play » (donc en montant encore plus fort que les marchés d’actions classiques). Surtout dans le cas de l'or – traditionnellement considéré comme un « décorrélateur défensif » –, plutôt exceptionnel donc.

La valeur intrinsèque de ces deux actifs n'est pas facile à calculer, c'est pourtant le cas des marchés boursiers. Et c'est justement sur la base de cette valorisation, qui a très fortement augmenté cette année, que des PDG de certaines des plus grandes banques au monde, comme Ted Pick de Morgan Stanley et David Solomon de Goldman Sachs, prédisent une correction de 10 à 20% dans les 12 à 24 mois.

"évident qu'un recul surviendra tôt ou tard"

Ces déclarations ne resteront pas dans l'histoire comme « les plus courageuses » de leur carrière. Après une hausse (exprimée en USD depuis le 01/01/2023) de plus de 80% pour le S&P 500, plus de 130% pour le Nasdaq et près de 350% (!) pour les Magnificent 71, il semble en effet évident qu'un recul surviendra tôt ou tard. Même durant cette période de hausse structurelle, les bourses ont déjà corrigé plusieurs fois de 10-20%, comme durant le second semestre 2023, l'été 2024, et plus tôt cette année suite à la guerre tarifaire déclenchée par Trump. La probabilité que cela se reproduise dans les 12-24 prochains mois relève donc quasiment de la théorie statistique de base.

Cela n'empêche que d'un point de vue purement fondamental, certaines choses donnent matière à réflexion. Cette valorisation élevée des entreprises – surtout américaines – est solide et elles semblent presque valorisées pour leur supposée perfection. Non seulement les résultats trimestriels doivent être parfaits, mais aussi les perspectives. Ou même bien plus que parfaits, car comment expliquer autrement la valorisation stratosphérique d'une entreprise comme Palantir de manière fondamentale et non « artificielle » ? Palantir, le spécialiste du logiciel également utilisé pour des applications militaires, est valorisé à 400 fois les bénéfices. C'est en tout cas le raisonnement de Michael Burry – l'homme qui avait raison en 2008 lors de l'explosion de la crise financière – ce qui le pousse maintenant à parier fortement sur une baisse du cours de cette entreprise (et aussi de Nvidia d'ailleurs).

"Tant que la fête continue, vous ne voulez pas être le premier à quitter la salle"

Le fait est que la valorisation est de plus en plus prise en compte dans l'argumentation. Bien que l'histoire montre que la valorisation ne soit qu'un paramètre très modérément fiable pour le market timing : les marchés boursiers peuvent en effet rester valorisés (trop) cher très longtemps et donc continuer à monter. Tant que la fête continue, vous ne voulez pas être le premier à quitter la salle, car vous risquez de rester longtemps avec une gueule de bois boursière.

De plus, la valorisation « fondamentale » peut même être une donnée subjective. Depuis le « big bang Chat GPT », il y a en effet peu d'attention portée aux bénéfices réalisés, mais beaucoup plus aux bénéfices futurs potentiellement générés par « l’artificiel », liés à toutes les dépenses possibles (Capital Expenditure ou « CAPEX ») dans le cadre de l'IA. Tant que ces dépenses vertigineuses d'Amazon, Nvidia, Meta et autres acteurs de l'Alphabet continuent de rapporter – même d'une manière difficile à évaluer rationnellement aujourd'hui – le rallye boursier n'a pas encore besoin de toucher à sa fin. Nous devons toutefois souligner que les géants technologiques dominants ont de plus en plus développé leur propre écosystème, où ils opèrent souvent simultanément comme fournisseur et client des services et produits des uns et des autres, et alimentent donc ainsi mutuellement leurs chiffres d'affaires et bénéfices de manière exponentielle. Artificiel ?

En parlant d'alimentation : Novo Nordisk offre 10 milliards USD pour Metsera, un spécialiste de l'obésité, qui ne valait encore que 2 milliards USD au début de cette année. Pour eux, la crème n'est clairement pas encore allégée. La surenchère contre Pfizer (l'autre candidat pour racheter Metsera) est en tout cas d'une ampleur assez unique dans le secteur biotechnologique. Cela rappelle quelque peu les acquisitions coûteuses juste avant que la crise financière n'explose en 2007-2008.

Et puisque nous parlons de risque d'explosion, Rheinmetall, un chouchou boursier du secteur de la défense qui a été multiplié par 5 en un peu moins d'un an, se négocie actuellement environ 15% en dessous de son pic de début octobre, et à 60 fois les bénéfices attendus. Ont-ils tiré leurs meilleures cartouches ? « Or just waiting for a reload ? »

"If you can't stand the heat, 
stay out of the kitchen."

Quoi qu'il en soit, les températures en bourse, tout comme les valorisations, ont fortement augmenté. Mais même dans ce cas, il reste recommandé de garder la tête froide au sein d'un portefeuille bien équilibré : « If you can't stand the heat, stay out of the kitchen. »

Levi Sarens - Afdelinghoofd Invest Management

Levi Sarens - Afdelinghoofd Invest Management

1 Alphabet, Amazon, Apple, Meta Platforms, Microsoft, Nvidia et Tesla


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