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1 février 2023

Première grand-messe des banques centrales en 2023 : l'objectif a-t-il été atteint à 90% ?

Christofer Govaerts

Chief Strategist

Que pouvons-nous attendre des premières réunions que les principales banques centrales tiendront cette année ? Le macroéconomiste Christofer Govaerts examine les perspectives des prochaines réunions de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne.

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Examinons d'abord les chiffres actuels et ce que les marchés prévoient pour 2023 en lien avec les mesures prises par les banques centrales :

Tableau

  • Etats-Unis : les marchés s’attendent à deux nouvelles hausses de 25 points de base des taux d'intérêt : un premier relèvement ce mercredi et un second au printemps. Le processus s'arrêterait là, et le marché conclut donc aujourd'hui que 90% de l'objectif a effectivement été atteint, après la solide série de hausses des taux d'intérêt, à chaque fois de 75 points de base, observée en 2022. Cerise sur le gâteau, ce niveau maximal de 5% ne devrait pas être maintenu longtemps. A l'automne, nous pourrions déjà assister à une baisse des taux d'intérêt (de deux fois 25 points de base).
  • Zone euro : ici, nous tablons sur une hausse des taux de deux fois 50 points de base à l'issue des deux prochaines réunions (ce jeudi, puis en mars). Après cela, une nouvelle augmentation de 25 points de base serait à l'ordre du jour, pour atteindre ainsi un niveau (3,25% pour le taux de dépôt et 3,75% pour le taux de refinancement), qui, selon le marché, devrait se maintenir pour un temps imprévisible.

 

La question clé est maintenant de savoir si ces attentes du marché sont réalistes ou si des scénarios différents sont possibles.

Pour répondre de manière adéquate à cette question, nous devons d'abord tenir compte des différences entre les Etats-Unis et la zone euro :

1) L'épineuse question de la communication et de la "forward guidance", c’est-à-dire des informations fournies sur les actions futures (conférence de presse et séance de questions-réponses à la suite de la décision sur les taux d'intérêt).

  • Etats-Unis : la FED a un problème dans ce domaine depuis l'été 2022, non pas tant au niveau de sa communication, mais de sa capacité à convaincre les marchés. Cette question s'est posée à deux reprises, à savoir en août/septembre, après la remontée des taux d'intérêt en juillet, et en décembre 2022. Jerome Powell avait mis les points sur les i en septembre, en signalant déjà à cette époque qu'il était frustré par la réaction du marché et par le fait que le message ne passait pas. Il a répété cet exercice en décembre, mais à en juger par l’évolution des marchés jusqu'à présent en janvier, son discours semble de nouveau être tombé dans l'oreille d'un sourd.
  • BCE : Christine Lagarde a fait l'éloge d'une approche très douce en 2021 et jusqu’à la mi-2022, mais elle a dû soudainement changer son fusil d’épaule (avec l’inflation dans la zone euro, l’accélération du scénario rigoureux de la FED et l’affaiblissement de l'euro). Son exercice de communication a été plus difficile à cet égard, mais il a tout de même été couronné de succès si l'on considère les chiffres actuels du marché, du moins en ce qui concerne les taux d'intérêt à court terme.

2) L'inflation et le cycle économique

  • Inflation : un problème tant du côté américain que du côté européen, avec des signes encourageants de normalisation, car sur une base annuelle, certains goulets d'étranglement clés du côté de l'offre se normalisent plus rapidement (pénuries, entre autres de semi-conducteurs, et prix de l'énergie). Nous pouvons donc supposer que l'inflation globale se normalisera vers la fin de l'année, comme le prévoit le scénario.
  • L'inflation sous-jacente : c'est une autre paire de manches. Des effets de second et troisième tour se produisent déjà et l'inflation du secteur des services n'arrange rien. La réalisation des objectifs fixés et la normalisation des niveaux de l’inflation représentent une entreprise de longue haleine.
  • Arbitrage entre la dynamique cyclique et l'inflation : les marchés américains défient la FED pour la troisième fois en huit mois. La bataille contre l'inflation a été menée et, conformément à son histoire, la FED cédera et réduira les taux d'intérêt pour assurer un ‘atterrissage en douceur’ - également appelé ‘récession douce’. Cela jette les bases d'une reprise nouvelle. Mais c'est précisément là que le bât blesse. Un certain nombre d'indicateurs donnent raison au marché, mais, dans le même temps, des données concrètes plaident en faveur d'un maintien de la politique de la FED, c'est-à-dire de ‘taux d'intérêt élevés pendant une période plus longue’. Bien sûr, la question reste de savoir si le marché écoutera ou non en fin de compte.
    Pour la BCE, la dynamique est différente de celle de la FED, dans la mesure où, après une période marquée par une conjoncture difficile, des signes d'amélioration sont apparus dès l'automne. Une perspective de taux d'intérêt de 3,75%, voire de 4%, est donc possible et sera également réalisée en tant que niveau minimum. La crédibilité de la BCE a été mise à mal au cours des derniers mois, mais les prix du marché, conformes aux fondamentaux, suggèrent également que le problème a été résolu depuis. Cette évolution s'accompagne d'un raffermissement de l’euro, ce qui ne peut que favoriser la normalisation de l'inflation.

 

Points d'attention pour 01/02 (FED) et 02/02 (BCE)

Il ne s'agit pas tant de savoir ce que les banques centrales décideront effectivement en termes de taux d'intérêt directeur. L’essentiel est plutôt le message adressé à l'avenir - que l'on peut ou non répéter - et la manière dont il est reformulé pour convaincre les marchés de la gravité éventuelle de la situation.

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