50 ans de la Bourse : Cassandre et les 4 saisons
Cassandre était l'une des filles de Priam, roi de Troie, et de la reine Hécube. Cassandre était si belle que le dieu Apollon l'a courtisée à plusieurs reprises. Cassandre a finalement cédé à ses avances, mais en échange, elle voulait le don de prédire l'avenir. Cependant, une fois qu'Apollon lui a accordé son souhait, Cassandre a refusé de tenir sa promesse. Apollon était furieux et voulait la punir. Mais les dieux ne pouvaient pas reprendre un cadeau qu'ils avaient accordé. Apollon lui a demandé un dernier baiser, crachant une malédiction dans sa bouche pour que personne ne la croie quand elle ferait une prédiction. Cassandre a en effet prédit la chute de Troie à plusieurs reprises et n'a été crue par personne.
Le mois d'octobre a commencé et suscite comme d'habitude la méfiance des investisseurs et des journalistes. Les traditionnels prophètes du malheur émergent et font la une des journaux. Un phénomène similaire - légèrement moins prononcé - se produit au mois de mai, lorsque le dicton populaire "Sell in May and go away" règne en maître. La question qui se pose à présent est la suivante : le mois d'octobre est-il le cheval de Troie du marché boursier ? Nous allons nous baser sur les statistiques historiques pour le vérifier.
Les mois de mai et d’octobre
Dans un premier temps, nous allons vérifier comment les rendements boursiers ont évolué durant les mois de mai et d'octobre au cours des 50 dernières années.
Le mois boursier de mai (50 observations) – Sell in May & go away ?
En ce qui concerne le mois de mai, il y a eu quelques exceptions extrêmement négatives, mais le nombre d'exceptions positives est encore plus important. Si l'on en juge de manière purement intuitive et visuelle à partir du graphique ci-dessus, l'adage ne semble donc pas s'appliquer. En d'autres termes, le mois de mai est, dans l'ensemble, un mois au cours duquel il ne faut pas être pressé de faire ses valises en Bourse (à savoir encaisser ses bénéfices) et de prendre l'avion vers le sud pour partir en vacances.
Le mois boursier d'octobre (50 observations) – Winter is coming, the end of days ?
Comme le montre le graphique, octobre est un mois plutôt extrême, plus extrême que mai. Du côté négatif, nous avons quatre grosses exceptions, dont deux ont porté un coup très dur au marché boursier ('87 et '08). Mais du côté positif, le mois d'octobre surprend aussi et - comme le mois de mai - encore plus que du côté négatif. Si l'on élimine ces observations extrêmes de l'échantillon, le mois d'octobre reste un mois boursier normal - voire plus que bon. Sur la base de ce seul graphique, la mauvaise réputation est donc fondée sur seulement 2 (4) observations au cours des 50 dernières années. Mais bien sûr, les extrêmes restent en mémoire à long terme, un aspect psychologique qu'il ne faut évidemment pas sous-estimer lorsqu'il s'agit d'investissements.
Les graphiques ci-dessus ne permettent donc pas de tirer des conclusions. Nous allons donc établir un graphique de tous les mois pour voir comment ils se sont comportés les uns par rapport aux autres en termes relatifs. Et si un effet boursier "Vivaldi" - c'est-à-dire par saison - peut ainsi être discerné dans les statistiques. Ou si les mois de mai et d'octobre sont vraiment différents des autres mois boursiers en ce qui concerne les rendements des actions.
Vivaldi – L’année boursière et les 4 saisons
Comment chaque mois s’est-il comporté dans l'échantillon des 50 dernières années ? Nous classons les 600 observations dans les meilleurs 33% (Top 200) et les pires 33% (Flop 200). Les deux sont ensuite subdivisés en 100 et 25 où 25 symbolise le cygne noir (dépression et euphorie). Le tableau ci-dessous indique la fréquence. Par exemple, dans le cas d'une observation du top 25, la fréquence moyenne attendue de présence pour un mois spécifique est de 2 fois (compte tenu du fait qu'il y a 12 mois). Si un mois spécifique apparaît dans la liste de fréquence plus souvent que cette moyenne, il s'agit dans ce cas d'un mois top relatif et il est mis en évidence en couleur claire (vert clair en cas de mois top relatif, rose clair en cas de mois flop relatif).
1. Cassandre et mai/octobre :
Il semble que Cassandre n'ait que rarement et partiellement raison. Quand elle a raison, elle a raison (octobre). Mais le mois d'octobre est également en tête du classement des exceptions positives. Quant au mois de mai, il n'y a pas grand-chose de remarquable à observer, ni du côté positif ni du côté négatif. "Sell in May & Go Away" est, pour reprendre les mots de Shakespeare, "Much Ado About Nothing", une tempête dans un verre d'eau donc.
2. Conclusion préliminaire de Vivaldi, basée sur 50 ans d'histoire
- Les mois à surveiller sont février, août et surtout septembre (!!) ; le mois de septembre de cette année, coïncidence ou non, confirme ces statistiques. Le mois d'octobre n'est donc pas vraiment à craindre par rapport aux autres mois, au contraire.
- Habituellement, les mois de janvier, avril, octobre et novembre sont des mois relativement fastes sur le marché boursier.
Le market timing en octobre est donc une affaire délicate, avec un coût d'opportunité potentiellement élevé si vous retirez 100% de vos investissements en actions.
Epilogue : un demi-siècle d'histoire boursière - moments, dates, économie et géopolitique
Si nous examinons les hauts et les bas des 25 mois historiques de la Bourse au cours des 50 dernières années, nous observons certains points-charnières critiques. Le tableau ci-dessous montre clairement ce que les crises géopolitiques déclenchent sur les marchés financiers (crises pétrolières des années 1970, 1re guerre du Golfe en 1990). Les crises financières sont également présentes : Asie/Russie (1998), Lehman, stabilisation (2008) et reprise (2009), crise de la dette grecque (2010), qui sont toutes reflétées dans le tableau. Il convient de noter que le 11 septembre et le choc/la terreur qu'il a provoqué n'apparaissent "que" à la 22e place du classement.
L'année 2020 a été une annum horribilis en termes de souffrances humaines, mais en même temps, elle a montré que les Bourses sont tournées vers l'avenir, comme en témoignent la correction inverse rapide et l'année boursière actuelle. Octobre enfin : les deux pires mois boursiers des 50 dernières années sont à mettre à son actif. Mais le mois d'octobre brille encore plus du côté positif avec pas moins de six places dans le classement des 25 premiers (ce qui en fait le mois le plus présent). Ainsi, pour les Cassandre d'aujourd'hui, l'adage selon lequel une femme ou un homme averti en vaut deux s'applique également. Plus de deux même !
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